Cameroun (et Afrique) : comment on lutte contre l’inflation
Un problème commun à nos pays vient de cette mémoire hyper sélective, qui ne retient que le négatif à propos de la gestion des affaires publiques, à juste titre ; car la faillite du politique justifie amplement celle de nos Etats. Mais lorsque l’Etat a foutu le camp, et que les citoyens essaient de reprendre leurs destins en mains, l’observateur, l’analyste, le commentateur, devraient être plus près –et en faire des gros plans- des actes courageux pris ici et là pour alléger le fardeau quotidien des foules désemparées.
C’est la raison pour laquelle l’une de mes priorités dans ce blog est de faire une sociologie des petits faits sociaux qui sont pourvoyeurs d’une forte valeur ajoutée, à condition que la collectivité leur donne toute l’attention qu’ils méritent ; il y a des mini projets, des « entreprises simplifiées », des décisions courageuses, qui, sans faire du bruit participent de la lutte contre la misère et l’extrême précarité. Pour aller à la rencontre de ces faits, point besoin d’onction politique de style partisan, juste la curiosité , le désir d’autre chose, après la critique légitime de nos élites et des systèmes socio-politiques largement défaillants.
Dans cet ordre d’idée, une décision récente prise au Cameroun en décembre 2007 a attiré mon attention. La délégation provinciale du commerce pour le littoral(Capitale Douala) a décidé de forcer les commerçants à appliquer les prix de l’huile de palme, à 550 F CFA, conformément à l’arrêté du Ministre du commerce. Pourtant, les commerçant véreux, comme d’habitude, avaient poussé les prix à la hausse, narguant ainsi la décision du pouvoir central ; les prix allaient jusqu’à 750 F FCA.
Comment l’opération s’est déroulée ? Les agents de la délégation ont tout simplement confisqué la marchandise des spéculateurs sans foi ni loi, pour les revendre aux citoyens, selon les prix indiqués dans l’arrêté. Aucun consommateur n’a eu plus de 10 litres, et l’opération va toucher d’autres produits, au-delà de la période des fêtes. En attendant, des familles ont profité de ce regain de civilité et de bon sens des autorités, dont Madame Carole Eboumbou Ngom pour passer de bonnes fêtes (Source Cameroon info net).
Il s’agit là d’une grande réplique aux spéculateurs du tiers monde, véritables profiteurs d’un capitalisme extraverti et suicidaire parce qu’il prend essor dans des pays sans fondation ni fondement juridique stable. Pour cause, l’Etat de droit est encore une quête qui relève de plus en plus du fantasme que de l’utopie (au sens politique du terme).
Cet acte de résistance est novateur, car il a mis en synergie l’administration locale et les citoyens, revalorisant ainsi la décision du pouvoir central ; c’est à ce niveau que l’on se rend compte que l’Etat de droit peut survivre et pourquoi pas prendre son essor.
Il faudrait maintenant que les intellectuels, la société civile, les médias encouragent des initiatives pareilles en leur accordant un traitement de choix. Toutes les critiques sont connues ; il s’agit aussi de reconnaître ce qui marche. L’espoir en nos pays est aussi à ce prix.