la responsabilité des leaders politiques dans la gestion de l’après élections
la responsabilité des leaders politiques de l'opposition dans la gestion de l’après élections. Le cas du Cameroun et du Kenya (11 Octobre 1992-30 décembre 2007)
Ce qui s’est passé au Kenya depuis les récentes élections aurait pu se passer au Cameroun, à la suite des élections controversées de 1992. Voilà l’avis que je voudrais développer ici, non pour semer une polémique inutile, au moment où des centaines de familles enterrent leurs morts, mais pour mieux comprendre le rôle historique des leaders dans la gestion des déceptions post électorales.
Au Cameroun, John Fru Ndi, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1992, répondant aux milliers de fanatiques sur la stratégie à mener pour récupérer « la victoire volée » avait interdit l’usage de la violence, et mieux il avait dit qu’il se chargerait d’aller déloger Paul Biya, par ses propres moyens. La bombe a été désamorcée ou alors reportée ; les violences n’ont pas été à la mesure de ce que certains auraient craint.
Par contre, au Kenya, dès la proclamation des résultats, le leader de l’opposition, Raila Odinga, a appelé le peuple à manifester sa colère ce qui revient à le mettre en confrontation directe avec les forces armées loyales au président Kibaki.
La suite, on la connaît : plus de 350 morts, 250 000 déplacés, une crise humanitaire qui commence.
Je ne voudrais pas rentrer dans la dimension ethnique qui est très fondamentale dans ces violences ; je choisis de concentrer mon attention au discours, à la posture du leader de l’opposition. Je ne reviens pas sur les critiques largement justifiées émises contre les présidents sanguinaires qui privent leurs peuples du désir de vivre en paix et heureux.
Avec la pression de la communauté internationale et certainement le début de fatigue des militants, M. Odinga prend le parti du réalisme ; il accepte enfin l’idée de partager le pouvoir, même s’il donne des conditions ; cela démontre qu’il sait que le pouvoir exclusif, il ne l’aura pas ; du moins à court terme.
Est-ce un échec ? A priori, non, parce que cette position de conciliation va faire cesser les tueries et autres violences. Il faut donc saluer le courage politique, quoique tardif, à mon avis, du leader de l’opposition.
Mais, je me demande s’il fallait encourager le peuple à s’autodétruire juste pour « partager le pouvoir » ? M. Odinga avait-il vraiment mesuré les tenants et aboutissants de ses déclarations ? Certainement ce n’est pas facile de prendre la bonne décision dans ces circonstances, et c’est là que l’on peut mesurer l’épaisseur politique d’un leader de l’opposition.