De la Coupe d’Afrique des Nations de football.
A quelques jours de la CAN, je voudrais esquisser une petite interrogation que je vais dérouler sous plusieurs angles, sans ordre.
Est-ce nos stars planétaires nous appartiennent véritablement au point que nous puissions compter sur elles pour remporter des trophées, faire gagner de l’argent aux pays organisateurs et participants, bref en tirer un profit conséquent ?
Etre footballeur camerounais, ivoirien et devenir un membre titulaire du club mystique et fermé des meilleurs joueurs du monde vous fait accéder à l’universel. A ce niveau, tous les coups sont permis, et celui qui a le dernier mot, le vrai est celui qui détient le plus d’argent. Est-ce le dernier mot de ?
Du fait de leur talent qui se hisse au niveau des meilleurs au monde, il est normal que chaque club, chaque pays, chaque média veuille s’approprier ceux qui furent encore nos fils exclusifs.
Il serait curieux que nos intérêts se limitent seulement à un rayonnement international sans retombées socio économiques majeures.
On a l’impression que ce qui tient la CAF à cœur, c’est l’autonomie des pays africains. La réalité est autre. Les clubs européens qui emploient nos joueurs sont entrain d’émietter officiellement la souveraineté de nos Etats. Avant, les joueurs faisaient un mois de stage pour la CAN ou la Coupe du monde. C’était l’époque ou l’essentiel des meilleurs joueurs évoluaient sur le continent africain.
Depuis l’irruption du capitalisme financier dans le football, la FIFA a réussi le tour de passe de fixer à 2 semaines la période où les clubs doivent mettre les joueurs à la disposition de leurs pays avant des compétitions officielles. Ce que nous avons accepté sans vraiment avoir le pouvoir de résister ou de s’opposer.
Comme les pays européens ont les moyens, ils ont aussi la méthode ; c’est ainsi qu’ils s’entendent pour harmoniser leurs compétitions, avec une idée de base : préserver les intérêts de chaque pays. Chaque compétition a un impact certain sur les économies. Certes ils ont l’avantage du développement. Mais avec la mondialisation des médias, Internet, et la recherche effrénée des loisirs télé par les familles occidentales (d’où l’augmentation vertigineuse du nombre d’abonnés sur câble…), nous avons la possibilité historique de mettre ces avantages dans notre camp.
Par contre, la CAF semble issue d’une autre époque. Elle n’a pas les moyens de sa politique ; elle n’en n’a pas les stratégies. Elle s’obstine à organiser une compétition tous les 2 ans, avec des impacts financiers et économiques modestes ; en plus elle les programme au moment où les clubs sont entrain de récupérer l’argent investi, c’est-à-dire pendant le déroulement des championnats européens. Ce qui limite la portée médiatique.
La Caf a-t-elle élaboré un « business plan » rentable et ambitieux de la CAN avant de s’y accrocher ?
Bonne nouvelle, la CAF a commencé à se résoudre au pragmatisme en décidant d’organiser dès 2009 une CAN pour les amateurs. Bonne idée, mais à condition qu’elle se tienne malgré notre « nationalisme béat » en période de trêve dans les pays européens. Cela donnera une audience internationale à la compétition, en permettant aux grandes télévisions d’Europe de programmer des matchs, même en différé. L’on pourra y gagner des droits de retransmission ; et les meilleurs joueurs auront une visibilité vraiment élargie. Autant de choses que la compétition majeure de football n’a pas vraiment poussé très loin.
Issa Hayatou et son staff peuvent-ils penser autrement la philosophie des compétitions de la CAF ? Veulent-ils hisser leurs stratégies au-delà des arcanes de la pensée unique et de l’immobilisme ?