UNE LARME POUR SE RELANCER EN POLITIQUE : Hillary Clinton refait le coup
Je voudrais déchiffrer ce qui propulse les héros au sommet des sondages et des élections, lorsque leur formidable machine électorale semble grippée.
Dans les pays occidentaux, les citoyens recherchent des hommes et femmes politiques complexes : hyper compétents, honnêtes, sincères, dont l’intelligence ignore les lois de la pesanteur et de la médiocrité ; bref ils ont besoin des « extraterrestres » de la politique pour gérer les affaires de la cité.
Mais aussi, le peuple désire des gens qui, tout en étant exceptionnels, sont quelques fois comme eux, sans tomber dans la banalité.
Leur caractère supérieur qui en fait des sortes de héros nécessite quelques fois un zeste d’humanité. Le peuple aime aussi des gens « qui se lèvent le matin et dorment le soir », qui peuvent ressentir ce qu'ils ressentent. Voilà ce qui manque le plus à certains hommes politiques.
Il ne suffit pas de reprendre des bons slogans et formules ravageurs pour convaincre les électeurs, notamment sur une longue campagne ou dans l'exercicie du pouvoir ; il faut parfois éprouver la galère comme plusieurs, ou alors chercher des astuces qui suscitent l’émotion, et montrent que le candidat, le ministre, le président n’est pas seulement compétent, mais aussi fragile, sensible, vulnérable.
En politique, en plus de la compétence, Il faut, instaurer cette dialectique entre le héros et l’humain.
Quelques faits pour appuyer cette idée.
Les français savaient Sarkozy présidentiable, il était aimé, adulé pour son énergie, son volontarisme, sa volonté de changer les choses, malgré ses origines et son déficit de « charisme esthétique ».
Mais je pense que le jour où ce « stratège génial » s’est véritablement rapproché de l’Elysée, c’est lorsque l’on a vu sa fragilité, son humanité se révéler au plein jour, lorsque Cécilia, son épouse d’alors l’avait abandonné pour se retrouver dans les bras de son amant, sans avoir eu une justification valable aux yeux des français.
Cette phrase « comme tous les couples, le nôtre a eu des problèmes », à mon avis a eu autant d’effets que « le tout devient possible » ou encore « la rupture tranquille ».
Autre lieu, même situation émotionnelle ; vaincue contre toute attente par Obama dans le caucus de l'Iowapour les primaires, Hillary Clinton a fondu en larmes lors d’une émission télé ; alors qu’elle était distancée par son rival de 10 points selon les instituts de sondages.
Les larmes de cette femme digne dans la défaite ont ému une bonne partie des indécis et de l’électorat, ils se sont rappelés la même femme qui avait osé défendre son mari et sauver son couple, malgré les preuves de ses escapades avec Monica Lewinsky; au lieu de s’en aller, elle avait pardonné et soutenu son beau mari. Les électeurs n'ont pas oublié ce grand geste.
Conséquence de ce regain émotionnel, elle a remonté la pente et gagné dans New Hampshire. Certes la suite est encore indécise, mais je suis convaincu que sans ce facteur émotionnel, le score devait être autre chose.
Mon idée se confirme: un peu de larmes ça fait du bien, cela irradie le public, lui donne la chair de poule, et ça rappelle aux autres que le président, ou le candidat partage ce côté d’humanité, malgré ses talents hors du commun.
Nous sommes à l’époque des émotions, des symboles. Il faut en faire usage pour briller et gagner en politique.